La Tour Saint-Ange

La Tour Saint-Ange

La « Tour Saint-Ange » ou « Chateau Saint-Ange » est une ancienne maison forte, s’épanouissant à une vingtaine de mètres au dessus du Drac, sur la commune de Seyssins (Isère). Caractérisée par une tour dominant la façade ouest du bâtiment, le lieu se démarque de son environnement par sa stature imposante et la présence à proximité immédiate d’une grande structure noire, étrange périscope avant-gardiste dénotant avec l’allure vénérable du château immaculé.

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L’histoire et le patrimoine liés à la Tour Saint-Ange sont extrêmement riches et hétérogènes. Vibrant au rythme des réminiscences du passé, l’édifice ainsi que les terres attenantes, portent les marques des grands mouvements qui ont structuré le territoire dauphinois.

Maison forte à l’époque médiévale, elle s’établit comme tant d’autres sur une zone privilégiée permettant la surveillance et la protection d’un lieu de passage clé, entre la ville et sa région périphérique. Poste de surveillance d’un port sur le Drac, elle est aussi la résidence d’une petite noblesse locale qui cherche à s’imposer en bâtissant un édifice remarquable hors du village de Seyssins.

Dès la fin du Moyen Âge il semble que le bâtiment soit abandonné pour des raisons encore inconnues, mais vraisemblablement liées à une conjonction de facteurs : vieillissement du bâtiment, modification des modes d’habitat de la noblesse, obsolescence du système défensif…

Cependant, à l’époque moderne, Saint-Ange connaît une nouvelle vie. Sous l’impulsion des dynamiques propres à l’établissement de la petite aristocratie en milieu rural, la ruine de la maison forte initiale est rénovée. Dans les années 1550, le nouveau seigneur de Seyssins, Jean Gaucher, fait de Saint-Ange sa résidence. Il décide la construction de la tour caractéristique qui donne son allure remarquable au bâtiment.

La lignée des Gaucher retombe aussi vite qu’elle avait su s’élever dans la société et le domaine change plusieurs fois de familles. On sais qu’à la fin du XVIe siècle c’est le seigneur de Varces qui obtient les terres de Saint-Ange en s’unissant à la dernière fille Gaucher. C’est à cette époque que le lieu prend sa toponymie actuelle, Saint-Ange étant le plateau au pied des falaises du Pic Saint Michel.

Dans les années 1720, la maison et ses terres sont vendues aux enchères par une jeune fille noble ayant perdu ses parents et ne pouvant entretenir les lieux. Ce sont les pères Cordeliers de Grenoble qui achète ce bien afin d’en faire une ferme rentière. Les archives qu’ils ont laissé livrent une vision saisissante et extrêmement précise de l’état de ces terres et des divers travaux qu’il y effectuèrent entre 1721 et 1789.

A la Révolution, Saint-Ange est confisquée aux moines et à nouveau vendue aux enchères. Elle est achetée par la famille bourgeoise des Crozet au début du XIXe siècle. Résidence familiale à la campagne, le lieu connaît la présence de Louis Crozet, ingénieur des ponts-et-chaussées, responsable de la conception du premier pont de fer enjambant le Drac. Ami de Stendhal, il est probable que l’écrivain ait passer du temps à Saint-Ange dans ses jeunes années.

A la fin du XIXe siècle la maison reste une demeure d’agrément et ce n’est qu’à partir des années 1960 qu’elle est habitée à l’année. Proche de Grenoble, la maison est rattrapée par l’urbanisation et voit pousser un lotissement sur les anciennes terres de la ferme.

Saint-Ange n’est pas la relique assoupie d’une époque révolue. Elle a su se réinventer au cours du temps et aujourd’hui encore la vie y palpite. Après avoir nourri les hommes grâce à ses terres fertiles, elle nourrit aujourd’hui les esprits créatifs qui s’y expriment. En effet, le périscope sur les pentes de la propriété s’avère être un atelier conçu par l’architecte Odile Decq. Il permet à des artistes contemporains de créer sous l’œil des bâtiments séculaires de Saint-Ange.