Étang et Château d’Avalon
Depuis l’A41, peu après la sortie permettant d’accéder à Pontcharra, l’observateur attentif aura pu remarquer la silhouette d’une haute tour se dégageant d’une colline dominant l’Isère. L’édifice, connu sous le nom de la « Tour d’Avalon » (commune actuelle de Saint-Maximin) est la marque de la présence d’un ancien bourg médiéval aux franges des territoires du Dauphiné. Bien documentée, l’histoire de ce donjon et du village qu’il protégeait reste relativement accessible. De fait le lieu apparaît comme un patrimoine local bien conservé et un point d’intérêt remarquable pouvant motiver une ballade dominicale. Cependant près des tables de pique-nique, si l’on remarque bien la présence d’un petit étang, on ne se pose pas forcément la question de son histoire. Pourtant il a lui aussi des choses à raconter.
Cet étang dit « d’Avalon » est une vieille flaque. Les premiers échos de sa création remontent à 1261 d’après la décision du Dauphin Humbert II. Sans doute creusé à partir dans une dépression du terrain accueillant déjà un point d’eau, l’étang fut au départ le fossé entourant les premières fortifications du village.
En effet, à partir du milieu du XIIIe siècle, la guerre delphino-savoyarde fait rage et Avalon devient l’une des têtes de pont du Dauphiné sur la frontière faisant face à la Savoie. L’importance stratégique du bourg fait de celui-ci un territoire clé dans la défense des positions du Dauphin.
Construit sur des terres appartenant à un ancien prieuré clunisien, le fossé en eau va servir à la fois de structure défensive, mais aussi de vivier et de réservoir d’eau pour prémunir le village de potentiels incendies. Ainsi tant de paix, l’étendue d’eau sert de réservoir piscicole. Les habitants venant pêcher afin de satisfaire leur besoin en viande blanche, notamment lors des périodes de carême. Ainsi le fossé devait être peuplé de poissons d’eau stagnante comme des carpes et des goujons. Il est également possible que le vivier ait accueilli diverses espèces d’oiseaux aquatiques très prisés à l’époque médiévale pour leur chair (canards, hérons).
Victime des raids savoyards, l’étang est comblé par les assaillants du bourg lors du siège de 1313. Ne protégeant plus convenablement le château, la place forte sera prise et occupée durant quelques mois par les armées du comte de Savoie. Remis en état en 1314, l’étang sera utilisé durant le reste de l’époque médiévale.
En 1349, alors que le Dauphiné est rattaché au royaume de France, les conflits liés à la frontière s’apaisent et le rôle défensif du bourg d’Avalon devient obsolète. Le village se dépeuple et une grande partie des habitants partent s’installer dans la vallée.
Dès lors les traces de l’utilisation de l’étang disparaissent. Nous pouvons néanmoins penser que celui-ci est toujours entretenu de façon minimale pour les besoins de pêche.
Au fil du temps les terres bordant le plan d’eau deviennent des prés de fauche et, de façon naturelle, l’étang s’assèche pour devenir la prairie marécageuse que nous voyons aujourd’hui.
Pour en savoir plus, vous pouvez retrouver le compte-rendu de mes recherches en suivant ce lien.