L’architecture Baujue

L’architecture Baujue

La maison Baujue :

Comme toutes les architectures vernaculaires, les Baujus ont dû s’adapter aux contraintes topographiques et climatiques du lieu, en prenant en compte leurs pratiques et modes de vie, tout en mettant à profit les ressources locales en matériaux et les savoir-faire des artisans de la région.

Les maisons baujues sont réputées pour être immenses et agglomérées le long des pentes. Elles ont le plus souvent un étage et peuvent être composées de plusieurs par-ties : le logement, les halles pour le le bétail et les granges pour le foin. Toutes ces parties pouvaient être rassemblées ou séparées comme c’est le cas dans la commune de La Compôte qui possède de nombreuses granges ou grangettes afin d’entreposer le foin (voir l’article dédié). La maison familiale peut contenir entre 25 et 50 personnes, dirigée par un patriarche.

Chaque génération pouvait être amenée à effectuer des aménagements, des agrandissements, ce qui explique que ces maisons familiales soient aussi longues.

L’organisation de l’habitat dans les maisons des Bauges avait la particularité de ne pas rassembler bêtes et hommes. En effet, les maisons en étage réservaient les niveaux inférieurs aux bêtes, tandis que les hommes habitaient au niveau supérieur. Cela s’explique par la quantité de forêts à proximité, permettant aux habitants d’avoir suffisamment de bois pour se chauffer et donc de ne pas avoir besoin de l’apport calorifique des animaux. A cela s’ajoute des raisons d’hygiène.

A l’intérieur des habitations, les cloisons étaient constituées de troncs de sapins emboîtés les uns dans les autres. Le mortier était très peu utilisé à part pour les parties basses des constructions faites de pierre.

Concernant les toitures, celles-ci étaient faites de « tavaillons » (sorte de tuiles),  et de clous pour les fixer. Cela limitait les dégâts notamment l’hiver lors de grandes tempêtes de neige ou lors de gros orages.
Ainsi les habitations des Bauges tenaient debout avant tout parce qu’elles étaient solidement chevillées par un véritable semis de clous haut monté et largement coiffé. Disposés en quinconce ces semis, fixaient le doublage de toutes les portes, une nécessité contre les gondolages des panneaux sous l’effet alternatif du soleil et de la grande humidité. A la fin du XIXème siècle les toitures traditionelles ont été peu à peu remplacées par de la tôle ondulée de zinc ou par des ardoises. En effet, ces matériaux ont l’avantage d’être incombustible face aux menaces d’incendie, qui pourraient être occasionnées par la foudre, si redoutable en altitude.

La charpente était l’œuvre de spécialistes, qui gravaient parfois leur nom sur le débord d’un entrait, au-dessus de la porte d’entrée. Selon les études, les maisons étaient
construites par des artisans, maçons et charpentiers locaux. Le propriétaire et sa famille assurant la main d’œuvre.
La dissymétrie de la charpente permettait au toit de déborder largement des murs de la maison, afin d’aménager des espaces de circulation sur la façade principale tels que des balcons abrités. Ces balcons constitués de bois étaient suspendus par des tavalans.

Les Tavalans :

Véritable marqueur du patrimoine rural baujue, les tavalans sont ces étranges crosses soutenant les balcons accrochés sous les avancées des toits des granges. Ces balcons avaient pour but d’entreposer du bois et de la nourriture pour tenir tout l’hiver. De plus ces endroits en hauteur, à l’abris de l’humidité, permettaient de faire sécher le bois destiné au chauffage. La nourriture pouvait également y être stockée par manque de place dans les granges.

La forme originale des tavalans soutenant ces  balcons est tout à fait naturelle. En effet les arbres des Bauges subissent le climat hivernal montagnard et les fortes neiges qui l’accompagne. Cela à pour effet de courber les arbres et de créer des branches en forme de crosses. Ce sont ces même crosses qui sont ensuite utilisées dans la création des tavalans.